Exposition organisée par Les Amis de Barbara
La
scène d'un soir
par Edith Smets
Tout d'abord je voulais remercier " Les Amis de Barbara " et surtout
Marie Aviles, de m'avoir permis de monter sur cette scène éphémère
d'un soir : le vernissage du 04 novembre 2006.
Vous m'avez donné vos regards sur mon écoute des chansons de Barbara.
Et moi, que puis-je encore vous donner d'autre que quelques extraits de carnets qui m'ont aidée à mener à bien cette aventure pour aboutir à ce que j'ai nommé ma série " Barbara " ?
Extraits de carnets
" Ombre de Silence chante
Barbara...
Les racines, tout comme l'ombre confirment la réalité des êtres.
Le noyau en signe l'essentiel. Là où les blessures peuvent être
le plus profond. "
05/12/2001
" Barbara
Ne pas savoir où commencer.
Mais commencer, c'est le principal, non ?
M'imprégner de cette musique pour retrouver l'image de ce couple faisant
l'amour.
Dans le sable. Travail avec le sable. Sables mouvants "
Nuit du 17 au 18 décembre 2002
" Faire le point.
J'aimerais encore faire une grande toile à l'huile et au sable de Sables
mouvants.
En continuant sur la lancée des petits Sables mouvants sur papier
Mais après
?
Et avant
Toujours Barbara.
Chanson Mon enfance
Deux toiles tendues aujourd'hui, l'une couleur lin, l'autre blanche.
Cela fait quelques heures que je me laisse imprégner de la chanson (repeat).
Quelques mots restent dans ma tête.
Quelques images se dessinent.
Et je m'obstine encore à faire mes peintures sans en faire des croquis
à l'avance.
Hélas
Une source claire
La guerre nous avait jetés là
L'odeur des mûres écrasées
Mes 15 ans
Mes merveilles "
01/07/2003
" Je vais suivre la chanson
de façon plus attentive.
Une toile que je ferai probablement sur le lin brut, qui racontera :
J'ai mis mon dos nu à l'écorce et l'arbre m'a redonné des
forces.
Et je pense à Aki qui travaille l'écorce. J'aimerais en coller
(de l'écorce) sur la toile de lin.
L'atelier sent bon.
Il a plu régulièrement et toute la journée.
Et d'autres toiles encore - Bleu et gris, ombre de silence
Avant que le soir ne se pose
- Juste avant, quand les couleurs sont les plus belles ! "
02/07/2003
" Il pleut comme en automne.
Je reviens d'une promenade. J'ai ramené un " cercle ", un bout
de tronc d'arbre auquel sont restés accrochés des bouts d'écorce.
Ça pesait trop lourd ! J'avais mon parapluie et le chien.
Mais l'effort m'a fait du bien.
J'ai pris ce bout d'arbre dans mes bras et je l'ai laissé reposer contre
mon cur.
J'ai senti que le toucher de la matière me faisait du bien.
Je me suis parlé à moi-même. Calmement
J'y retournerai bientôt parce que je voudrais ramener un autre bout d'arbre.
Si je ne m'intéresse pas plus à la vie de Barbara, c'est pour que ses chansons qui m'ont fort touchée puissent me rapprocher de mon histoire à moi.
Je suis à la maison -
chez moi - et je me sens bien ! "
04/07/2003
" J'ai un vague souvenir
de la toile que j'allais faire sur le grand format 150/150cm.
Il faut que je le redécouvre. Que je le dessine.
Etait-ce dans la chanson L'Aigle Noir ?
Vais-je trouver la réponse dans Vivant poème ? "
03/06/2004
Ou bien
Barbara dans son rocking !
Ce sujet ne va pas.
Ce n'est pas la mise en image d'une de ses chansons.
Ce n'est pas mon imagination, mais la représentation d'une photo que
j'ai déjà vue.
Je ne ferai pas cette peinture.
Belle photo pourtant !
08/06/2004
" J'ai réussi à
redonner une unité à L'île aux Mimosas.
'
Ce sera pour mieux boire ensemble à la même eau.'
Ce n'est pas terminé, mais c'est sur la bonne voie
et je suis contente. "
20/09/2004
" Écrire, dessiner,
peindre, sculpter.
Aujourd'hui tout est obscur.
Ce matin pourtant,
quand je suis sortie,
les oiseaux n'avaient pas encore peur.
Dans le Magnolia en fleurs il y avait un couple de moineaux
et quatre mésanges. "
29/03/2005
Merci à vous et à
bientôt, j'espère !
Edith Smets, le 29 novembre 2006
Retour en images et en mots sur le vernissage du 4 novembre
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Edith Smets et Jacques Vynckier |
Bernard Merle & Frieda et Michel de la Cobalt Gallery |
C'était
novembre à Bruxelles
par Guy Papin
Sous les cimaises de la galerie Cobalt offertes pour accueillir le travail pictural d'Edith SMETS, Barbara s'est installée en muse de l'artiste : ADMIREZ.
Le parcours belge tourmenté de Barbara est retracé avec les recherches passionnées et passionnantes de Marie et des documents qu'elle propose : SAVOUREZ.
Des photos de spectacle en noir et blanc de Jocelyne Tépénier nous interpellent encore et toujours : PROFITEZ.
Barbara est bien là et nous poursuit dans la visite : c'est plaisir à
regarder. Edith Smets a brossé en grand format le murmure des mots dans
des techniques mixtes alliant huile, collage, marouflage, pigments qui restituent
la gestuelle, le mouvement de celle qu'on aime : APPRÉCIEZ.
Se dégagent alors des toiles,
une atmosphère, une musique de couleurs où s'incrustent des mots
choisis : " à pas craquants ", " regarde ", "
un homme ", " espoir ", des mots d'amour : OUVREZ les yeux.
C'est comme une calligraphie de taches qui jaillissent tout en finesse, en poésie
avec la force des textes retrouvés : FREDONNEZ.
SORTEZ heureux.
Un
rêve réalisé :
" Les Amis de Barbara " sur les pas de BARBARA EN BELGIQUE
par Bernard Merle
Dès la création de notre association, en janvier 2000, l'idée avait été lancée d'un voyage collectif à Bruxelles " sur les pas de Barbara ". L'arrivée parmi nous, en 2001, de la bruxelloise Marie Aviles, peu après responsable de notre site Internet, contribua à préciser les contours du projet. Mais c'est la rencontre, l'an dernier, de l'artiste peintre belge Edith Smets, aux oeuvres récentes consacrées à Barbara, qui servit, pour finir, de catalyseur. Deux volets pour une exposition commune furent alors envisagés, les peintures d'Édith et le rappel du parcours belge de Barbara, ainsi que, dans la ville, une visite groupée des principaux jalons de ce parcours. Ne restait plus qu'à se mettre au travail : et, pour une bonne dizaine de membres de notre groupe, le rêve est devenu réalité. Le 4 novembre fut inaugurée l'exposition - avec une pensée pour Claude Sluys, décédé en février 2005, qui nous avait dit son désir de s'associer à nous le jour où nous organiserions une manifestation à Bruxelles - et le 5 nous partions à la découverte de la ville...et de sa mémoire.
Le 1er octobre 1954 Barbara
y donnait son premier grand récital :
Visite de L'ATELIER de Marcel Hastir,
peintre et humaniste
En mars 2006, Bruxelles fêtait
le centenaire d'un de ses plus illustres habitants : le peintre Marcel Hastir.
En guise de cadeau d'anniversaire, le secrétaire d'état aux monuments
et sites, venu en personne nommer " citoyen d'honneur de la ville de Bruxelles
" le vénérable doyen, lui annonça le classement de
sa maison, à la fois comme patrimoine historique de la région
de Bruxelles-Capitale, et pour l'âme qu'en soixante-dix ans d'activités
incessantes il n'a cessé de lui insuffler.
Une maison de type " bel-étage ", comme on dit ici, à
façade discrète de style néo-classique, avec, sur la fenêtre
du rez-de-chaussée, une petite pancarte en forme de portée musicale
où l'on peut lire " L'Atelier ". C'est ici que, depuis 1935,
vit Marcel Hastir.
Avant cela, participant à l'organisation de camps d'été
pour la jeunesse, il avait eu l'occasion d'entendre le sage Krishnamurti, une
des grandes figures du mouvement théosophique. Devenu lui-même
membre de la Société Théosophique, c'est pour cette société
dont il partage encore aujourd'hui les idées de paix et de fraternité
universelle qu'il avait d'abord trouvé cette maison, 51 rue du Commerce,
dans ce quartier Léopold, autrefois très vivant, de la bonne société
bruxelloise.
Sous la conduite de notre guide Monsieur Roland Schmid, membre de la Fondation
Marcel Hastir, nous montons jusqu'au deuxième étage où
se trouvent " la loge des artistes ", " la pièce d'entrée
de L'Atelier ", et " la grande salle de L'Atelier ". C'est là
que le peintre exerçait ses activités. Là aussi qu'il enseignait
la peinture à des élèves ayant parfois la chance d'avoir
sous les yeux de prestigieux modèles, dont les portraits peints par leur
professeur ornent encore les murs : la reine Élisabeth de Belgique, une
habituée de L'Atelier, grande amie des artistes et des écrivains,
dont notre Colette ; Laura Turner, petite-fille du peintre anglais William Turner
; ou encore Anne Legrand, future romancière sous le nom d'Anne Philipe
(Le temps d'un soupir), et future épouse du comédien Gérard
Philipe. René Magritte fréquentait L'Atelier, comme Paul Delvaux
qui venait y recruter ses modèles.
Mais chez Marcel Hastir, art et engagement ne font qu'un. Pendant la guerre,
L'Atelier deviendra un lieu de résistance, une cache d'armes et de personnes,
les cours de peinture servant d'alibi à de jeunes gens en passe d'être
envoyés au S.T.O. Les risques étaient énormes, mais de
nombreux juifs purent ainsi être sauvés de la déportation.
Homme providentiel, Marcel Hastir le fut aussi pour les musiciens, les écrivains,
les philosophes. Au lendemain de la guerre, il ajoute à ses activités
picturales celle d'organisateur de conférences. On put ainsi entendre
à L'Atelier Lanza del Vasto, Alexandra David-Neel. Aussi des concerts,
tant sur place qu'à l'extérieur, en classique comme en variété
: Narciso Yepes, Jacques Brel, Charles Trenet. Encore inconnu, Maurice Béjart
pourra monter et faire triompher en 1955, grâce à Marcel Hastir,
sa Symphonie pour un homme seul.
Angèle Guller présente : "Barbara et ses chansons "
C'est dans ce contexte artistique
et humaniste privilégié que le vendredi 1er octobre 1954, à
20h30, devant une salle comble apparaît une jeune artiste débutante
nommée Barbara. Assis sur de simples chaises dans cette pièce
haute de plafond, chauffée par un grand poêle, les spectateurs
sont venus, alertés par la presse et les conseils d'Angèle Guller,
grande spécialiste belge de la chanson. Directrice de l'émission
radiophonique La Vitrine aux chansons, c'est elle qui présente sa nouvelle
protégée. Celle-ci ne chantera ce soir-là pas moins de
dix-neuf chansons - prouvant par là un certain métier, acquis
en quelques années sur les scènes microscopiques de Charleroi
et Bruxelles : Le chouette quartier, Frédé, Qu'est-ce que tu crois
? Sur la place, L'oeillet rouge, Moi j'tricote, L'avenir est aux autres, À
Saint-Lazare, Viens gosse de gosse, La chanson de Margaret ; puis, après
un entracte : Les Dames de la Poste, Évidemment bien sûr, La Promenade,
Monsieur William, Le grand Frisé, La vie d'artiste, Le couteau, Les cloches
de Notre-Dame et Mon pot' le gitan.
Où l'on constate la diversité d'un répertoire mêlant
savamment les anciens (Aristide Bruant...) aux modernes [des années 50
!] (Léo Ferré...) et même aux très modernes (Jacques
Brel, Robert Lamoureux, Jacques Verrières, Francis Blanche...) qui ont,
peu ou prou, l'âge de leur interprète.
(...)
...Nous sommes en 2006, assis sur les chaises de L'Atelier, devant le vieux
poêle, comme les spectateurs du 1er octobre 1954. Au sol, un parquet à
chevrons, et voilant la grande fenêtre, un vaste rideau clair à
plis. Partout, sur les murs et sur les chevalets, de très beaux tableaux
aux tons pastels représentant des femmes, exclusivement. Devant nous,
un piano noir. Certes, pas le piano d'origine. Mais comment ne pas imaginer,
penchée au même endroit sur un piano semblable, une jeune chanteuse
de vingt-quatre ans, obstinément en marche vers sa "plus belle histoire
d'amour" ?...
Né en 1906, Marcel Hastir se souvient de Barbara
Le dimanche 5 novembre 2006, guidés par Monsieur Roland Schmid, nous avons été reçus par Marcel Hastir chez lui, dans la cuisine qu'il ne quitte pratiquement plus depuis que, au début des années 2000, il a peu à peu perdu la vue. Nous sommes au rez-de-chaussée de l'immeuble qui abrite son fameux Atelier, là où, le 1er octobre 1954, Barbara chanta pour la première fois dans un cadre officiel à Bruxelles,
Messieurs Roland Schmid et Marcel Hastir |
" Je connais bien l'histoire
de Barbara. Il y avait un docteur Sluys (1), très grand amateur de musique,
qui venait à tous nos concerts. Il avait une clinique rue du Trône,
à Ixelles (2). Il a engagé une jeune infirmière polonaise
(3), très gentille, une belle fille brune, pour garder la clinique en
l'état. Cette personne chantait toute la journée en travaillant,
et aussi quand les gens étaient partis. Un jour, le docteur Sluys me
dit :
Elle a une voix extraordinaire. On va faire quelque chose pour elle. Il faut
préparer un récital.
Parle-t-elle le français ?
Oui. À Paris, on connaît un répétiteur qui prépare
les artistes à leurs concerts.
Le Docteur Sluys a invité pendant un mois à Bruxelles ce spécialiste,
pour préparer la jeune femme. Le répétiteur a trouvé
qu'elle avait en effet une très belle voix. Tous les après-midi,
pendant tout un mois, l'assistant est venu et elle aussi. Elle écoutait
avec beaucoup d'attention, il lui faisait remarquer certaines choses pour son
programme. Elle faisait des progrès extraordinaires. Il faisait répéter
deux autres artistes à Bruxelles, mais il était emballé
par elle.
Quand tout a été terminé, il fallait faire venir du monde.
On avait eu Fred Adison, Ray Ventura (4), on a fait une tournée pour
eux dans le nord de la France. À Anvers, on a fait venir Charles Trenet.
L'éditeur Raoul Breton était là, qui voulait le présenter
en pays flamand, et surtout en Hollande. Trenet a fait un triomphe, il a fini
en chantant debout sur le piano ! On s'est occupés de Brel aussi, mais
surtout d'artistes du classique, pas tellement de fantaisie (5). On a présenté
quelques artistes intéressants et commencé à faire des
concerts avec eux d'abord au Boeuf sur le Toit, Porte de Namur (6). Notre Barbara
avait à l'époque une chanson-vedette, Le Gitan (7), une chanson
extraordinaire qui avait le plus grand succès. Ça s'est passé
très bien. Elle a déjeuné avec ma femme dans un restaurant
italien. Ensuite, elle a épousé le fils du Docteur Sluys, Claude,
qui a joué l'impresario et avec qui elle est partie à Paris.
[Une question nous brûle les lèvres : Marcel Hastir ou quelqu'un
de son Atelier a-t-il peint Barbara ? ]
Je n'ai jamais peint Barbara car elle ne venait pas aux mêmes heures que
les modèles. Et puis on n'a pas pensé à la peindre. Cette
fille avait beaucoup de talent, elle était vraiment très gentille.
Le jour où elle a eu beaucoup de public, au Palais des Beaux-Arts (8),
elle a dit : " Si je suis ici aujourd'hui, c'est grâce à Monsieur
et Madame Hastir qui m'ont invitée ici pour la première fois ".
C'est un merveilleux souvenir, elle avait le coeur sur la main. Elle était
belle et brune, elle avait un beau visage sympathique, elle avait toutes les
qualités d'artiste. Moi-même, j'étais émerveillé
par sa voix. Avec son répétiteur, on l'a présentée
au Lapin Agile [à Montmartre], où on ne la connaissait pas. "
Marcel Hastir ne précise pas si elle s'y est produite ou non. Il dit seulement, évoquant les problèmes de voix de Barbara : " Après, j'ai été déçu par son timbre ". Et ce centenaire d'ajouter avec mélancolie : " Elle est morte un peu jeune... "
(1) Félix Sluys (1874- ?),
chirurgien, grand amateur d'art, ami du poète Paul Nougé et auteur
d'ouvrages consacrés à la peinture. Il opéra d'un cancer
de la gorge le compositeur Giacomo Puccini.
(2) Arrondissement du sud-est de Bruxelles.
(3) Des années durant, les origines de Barbara sont restées incertaines
pour son entourage.
(4) Compositeurs et chefs d'orchestre. Fred Adison, 1918-1996, et Ray Ventura,
1908-1979.
(5) Pour " variétés ". Cf l'ancien " Théâtre
des Fantaisies Parisiennes " de Bruxelles.
(6) Grand et beau cabaret de l'après-guerre, où débuta
la chanteuse... belge Annie Cordy.
(7) Mon pote le gitan, paroles de Jacques Verrières, musique de Marc
Heyral. Barbara fut la créatrice de cette chanson, qu'elle enregistra
sur 78 tours en 1955.
(8) Barbara y chanta le 5 mars et le 30 octobre 1955, puis lors de tournées
en 1967 et 1974.
Rappel : interview de Marcel Hastir
par Marie Aviles, Lettre des Amis de Barbara n°18, été 2004,
pp. 2 et 3.
" Bruxelles demeurait en moi comme une blessure... " déclare
au public Barbara lors de son récital de novembre 1964 au Théâtre
140. Un " Waterloo sentimental ", dit-elle, dont elle aura finalement
raison, sur les traces duquel nous sommes partis.
BRUXELLES, SES RUES ET SES FANTÔMES
Comme ceux de la grande Colette
qu'elle affectionnait, les rapports privilégiés de Barbara avec
la Belgique furent étroitement liés à la jeunesse, à
la mère, aux années d'avant la consécration. Sido, avant
son mariage, vécut à Bruxelles dans une communauté d'artistes
: de quoi donner du rêve à Colette qui, élue à l'Académie
Royale de Belgique, reviendra souvent en territoire belge, notamment pour y
acheter les speculos que lui réclamait sa mère ! Barbara, pour
cesser de vivre à la charge de la sienne et fuir un foyer déserté
par le père, s'enfuit à Bruxelles où elle jette l'ancre
chez un vague cousin maternel avant de trouver refuge dans un groupe de jeunes
bohèmes. "Je ne connaissais personne à Bruxelles. J'ai
traîné, rôdé. J'ai marché, beaucoup marché.
Tous ces épisodes de fugue, d'exode, de fuite, je les ai toujours marchés.
Comme pour aller plus avant et plus loin..." confie Barbara dans Il
était un piano noir (Éd. Fayard, p. 74).
Nous n'avons guère eu le temps de traîner ni de rôder, mais
ce retour, même rapide, sur les lieux où très jeune elle
s'affirma et posa les premiers jalons de sa légende eut quelque chose
de particulièrement émouvant pour notre petit groupe d'"Amis
de Barbara". Comment, en effet, boulevard Anspach n'avoir pas une pensée
émue pour cette jeune fille d'à peine vingt ans, qui ne s'appelait
pas encore Barbara, et, désespérément, se cherchait elle-même
?
Le lendemain, évocation plus heureuse devant l'emplacement du Cheval
Blanc, 140 chaussée d'Ixelles, qu'un magasin très banal occupe
aujourd'hui. C'est en créant ce cabaret, où débutèrent
avec elle de nombreux artistes, que Barbara, avec l'aide de son mari Claude
Sluys, put commencer à donner corps à ses rêves.
À quelques mètres de là, place Fernand Cocq, la Maison communale où ils se marièrent, dite Maison de la Malibran parce que la cantatrice y vécut. Le long de ses murs fut installé le "Village Sida KO" ce 1er décembre 2006, journée mondiale de lutte contre le sida.
La Tour de Babel |
L'emplacement du Cheval Blanc |
La Maison communale d'Ixelles dite Maison de la Malibran |
(...)
Midi : déjeuner à L'Auberge de Boendael, la plus ancienne maison
du hameau de Boendael. Le bâtiment jouxte un club de tennis qui autrefois
abritait la Maison du Vieux Tilleul : (...)
Grand Place, en soirée,
nous rêvons parmi les touristes devant la banque qui au numéro
7 abrita autrefois La Tour de Babel, de Jo Dekmine...
Une banque remplaçant un cabaret ? Oui, vous avez bien lu, une banque
remplaçant un cabaret. Pas de doute, " les lampions s'éteignent,
[l]a fête est finie "... les temps ont changé.