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LA LETTRE DES AMIS DE

EXTRAITS

 

Printemps 2005, n°21


 
  
 
 
 
 
 
 
   

A vouloir s'aimer,
Ils sont morts d'amour,
Sid'assassinés
Barbara


Vingt ans, déjà, de lutte contre cette "maladie d'amour". L'épidémie, perfide, s'étend aux coins de la planète, s'attaquant aux plus fragiles. La jeunesse d'aujourd'hui grandit avec ce fléau qui tue l'amour.
Alors, continuons à "vigiler".

BARBARA, d'une rive à l'autre
 Une traversée riche en émotion
par Daniel Simonet

Incontestablement, Catherine LE COSSEC possède un « savoir faire » certain en matière de création de spectacle, fruit sans doute de son travail, de son talent, de son énergie et bien évidemment de l’expérience acquise au fil des ans.
La « Femme qui danse » comme la surnommait Barbara n’en est plus à des coups d’essais quand on se rappelle que très tôt elle dansait déjà sur les chansons de Barbara et qu’elle les incorporait à son travail de chorégraphe dès la création de son école de danse. Ceci bien avant de consacrer depuis 1998 des spectacles entiers à Barbara en puisant essentiellement dans des ballets créés sur ses chansons, la plupart en accord avec la « Dame en noir » qui communiquait régulièrement avec elle.
Ne connaissant pas la danse, mais attiré par les quelques lignes de présentation du spectacle où en plus du ballet de Catherine Le Cossec, il était question d’Isabelle Vajra et de Marie-Thérèse Orain, chanteuses confirmées qui ne sont plus à présenter, c’est en spectateur curieux, mais peut être un peu blasé (des spectacles sur Barbara, il y en a et c’est bien, mais tous ne m’ont pas toujours accroché) que je me suis présenté à Orsay, salle Jacques Tati là où précisément Catherine Le Cossec avait donné son premier gala il y a plus de trente ans.
Et là, je l’avoue bien agréablement, le charme a opéré : du début à la fin, ce ne fut que de beaux moments d’émotion partagés avec les artistes qui évoluaient sur scène en communion avec le public enthousiaste qui remplissait la salle.
Difficile de décrire un spectacle comme celui ci : c’est une mosaïque aux mille éclats, composée des couleurs toujours changeantes du costume des danseuses bondissantes toutes plus fraîches et ravissantes les unes que les autres, avec les chansons de Barbara dans la voix de deux interprètes aussi différentes que Marie Thérèse ORAIN dont la puissance de voix alliée à son talent de comédienne a fait merveille, notamment en nous régalant des "petits gâteaux" et, journal en main en nous faisant redécouvrir Si la photo est bonne parfaitement accompagnée au piano par Céline ROULLEAU.
Isabelle VAJRA, plus dans la tonalité et le répertoire de Barbara a tenu l’auditoire sous le charme de ses interprétations justes et tellement sensibles. Et que dire quand Barbara elle-même intervenait dans le spectacle chantant derrière le rideau sans doute et nous faisant vibrer comme autrefois !
Oui, c’est bien une mosaïque qui se recompose et devient nette lors du bouquet final, magnifique hommage à la "Dame en noir" où tous les artistes de la soirée occupant toute la scène, bras levés vers une très belle lumière lui chantent "ma plus belle histoire d’amour, c’est vous"
Personnellement j’ai tendance à croire que ce bouquet final là vaut bien tous les bouquets de roses rouges dédiés à la Dame et ce spectacle par l’émotion juste qu’il sait faire naître est pour moi le meilleur de tous ceux auxquels j’ai assisté.
Merci à Catherine Le Cossec de joindre à son talent de danseuse, celui d’alchimiste et quel dommage que ce spectacle ne puisse circuler, mais ceci est sans doute une autre histoire.
Merci pour cette énergie qui me rappelle une de nos autres artistes adhérentes qui pareillement a connu Barbara et a su transmuter la douleur de sa disparition dans son travail de peintre et maintenant de sculptrice (coucou Dany Morisse !)


 

 RADIO
par Valentin Terrer et Bernard Merle
 

Le 24 décembre dernier, sur France Musiques, dans son émission l'Atelier, Dominique Jameux  mettait en parallèle les compositions de Barbara avec celles des grands mélodistes classiques (Pierre, par exemple puis une cantate de Bach). Et c'était délicieux, éblouissant. Non pas figé dans une pédagogie systématique, mais plein d'humeur subjective et très convaincante. La parenté des rythmes, la fluidité de la couleur mélodique éclataient dans une réjouissante évidence.

 

Le 25 décembre, Philippe Meyer dans son émission hebdomadaire La prochaine fois je vous le chanterai (samedis de 10 à 11 heures sur France Inter) recevait Georges Moustaki.

P. M. : …Vous entendrez parler de lui, une de vos chansons, Georges Moustaki, interprétée par Barbara dont vous me disiez que ce qu’elle a ajouté, c’est l’élément dramatique de la fin.

G. M. : Oui, c’est en cela que nous étions complémentaires. Ou toutes les chansons qu’on a chantées en duo, ou celles qu’elle a interprétées à partir d’une de mes chansons, elle les amplifiait au bon moment. Il y en a une qui s’appelle De Shanghai à Bangkok, où elle fait de grands effets…. (Philippe Meyer connaît et fredonne)… et j’allais la voir dans son petit appartement – dans sa petite chambre, c’était à peine plus grand qu’une chambre ! – et elle faisait de grands gestes tellement démesurés, on avait l’impression qu’elle allait se cogner aux murs à chaque fois. Mais c’est bien, parce qu’elle donnait aux chansons une dimension qui ne va pas leur manquer. »

 

Dans la même émission, le 19 février, Yannick Jaulin, conteur et invité de Philippe Meyer, avait choisi d’entendre Les amis de Monsieur. « Il n’y a plus grand monde qui sait, a-t-il expliqué, écrire des chansons de fantaisistes. C’est vrai que Fragson est l’auteur de cette chanson : mais l’interprétation de Barbara est absolument incroyable ».

 

Dans son émission À portée de mots du 13 janvier sur France Musiques, François Castang s’entretenait avec Jeanine Roze pour le trentenaire des « Concerts du dimanche matin » qu’elle présente chaque semaine au Théâtre Musical du Châtelet. Un versant « musique classique » cachant dix années passées au service de la « chanson rive gauche » en tant que secrétaire d’artistes

 

« Les artistes avec lesquels je travaillais ? Reggiani, Anne Sylvestre, Ricet Barrier, Pia Colombo… Bon, évidemment, celle qui a le plus compté c’est Barbara… Je l’ai connue j’étais toute jeune elle passait à l’Écluse, elle avait à peu près un public de 45-50 personnes et je me souviens, c’est avec elle que j’ai appris vraiment à travailler. Elle a vraiment été un  

modèle. Et à l’époque on lui disait :  tu ne réussiras pas, tes chansons sont trop intellectuelles (quand on voit les chansons écrites, je vous assure qu’il n’y a rien d’intellectuel chez Barbara !). Ça c’est la première chose ; la deuxième : oui, avec le nez que tu as, tu devrais le faire refaire, avec ta tenue noire, tu es absolument sinistre, tu ne passeras jamais à la télévision… il y avait de quoi décourager la plus enragée des artistes ! Et elle, elle avait cette chose absolument extraordinaire, elle avait cette certitude - et c’est devenu un leitmotiv chez moi parce que j’ai vu qu’elle avait raison-  elle disait : « un jour je vais être prête, le public sera prêt. La question à laquelle je ne puis répondre c’est : est-ce qu’on va être prêts en même temps ? »

 

Jeanine Roze évoque alors Michel Portal, « un homme libre » qu’en 1967 elle attendait à la sortie des artistes de l’Olympia pour qu’il accompagne Barbara, laquelle « était moins libre que lui, d’abord parce qu’elle n’avait pas les possibilités artistiques et musicales de Michel. Pierre était au départ une jolie chanson comme elle savait les faire, et puis cette improvisation de Portal au saxophone d’un seul coup en a fait un chef d’œuvre. Ça a été un des titres les plus importants de ce fameux disque vinyle où il y a des roses parce qu’elle ne voulait pas qu’on mette sa tête sur les pochettes, elle pensait que ça allait faire peur aux enfants ! Et l’apparition de Michel Portal au saxophone, d’un seul coup, c’est le décor qui s’installe, c’est la chaleur, c’est t’attente, l’amour, la tendresse, enfin c’est le génie de Michel et la petite touche qui fait que la chose banale devient un petit bijou ».

 

Le 10 février, sur France Inter dans l'émission Le Fou du roi de Stéphane Bern, Sophie Makhno présentant La Barbara que j'ai connue et Annie DUPEREY, à propos du tournage de L'Oiseau rare de Jean-Claude Brialy en 1972, évoquaient la beauté de Barbara (à une époque où la plus belle, officiellement, était Brigitte Bardot) : assise par terre, son attirail personnel de maquillage autour d'Elle. Ne supportant pas qu'une maquilleuse la touche. Dessinant ses yeux à l'eye - liner. Se préservant. Seule.

Découvrir, donc, si ce n’est déjà fait ce « carnet à spirales » d’une star en apprentissage à son piano—quotidien, paradoxalement grandiloquente et simple, comme une « amie » originale, incomparable… avant « la longue Dame brune ». Photos de Jean-Louis Dumont, préface de Christian Eudeline.

Amnesty International rend hommage à Barbara

Tout au long de sa vie Barbara a soutenu et participé à de nombreux combats (lutte contre le sida, Enfance maltraitée, le droit au logement, etc.) Amnesty, a qui elle avait légué une partie de ses droits d’auteur, a souhaité lui rendre hommage sur son site Internet.




Cette photographie de Jean-Claude CLOT (membre fondateur de notre association), prise en novembre 1981 à Pantin, accompagne une citation de Barbara « Il faut être en révolte, toujours en révolte contre l’injustice. En dehors de la révolte je ne suis rien ».
http://amnesty.asso.fr rubrique faire un legs ou une dotation / Elles et ils ont choisi de léguer à Amnesty.
 

BRUISSEMENTS D’ELLES
par Guy PAPIN

 C’est le titre d’un festival qui réunit des femmes de talent à Joué-Lès-Tours en banlieue tourangelle.

Marie-Claude Pietragalla y crée son nouveau spectacle chorégraphique « Souviens-toi » où la mémoire de l’enfance y a beaucoup d’importance.

Elle a rencontré le public au forum de la FNAC de Tours. Je me lance à lui poser la question : « Etes-vous toujours partante pour incarner Barbara au cinéma ? »

Elle répond : « Oui, bien sûr. Barbara est une femme formidable que j’aime et que j’admire beaucoup. Je l’ai rencontrée une seule fois lors de son dernier spectacle au Châtelet. Mais ce ne sera pas n’importe quoi, ni n’importe comment. Je veux faire attention à la lecture du script. C’est un rôle risqué que j’appréhende. Pour le moment, c’est en stand by mais j’ai confiance.»

Je lui fais remarquer que ce sera comme Michel Bouquet qui joue Mitterrand et en donne une image possible !

« Oui peut-être, c’est cela » dit-elle avec un sourire.

Elle parle de l’importance du travail de scène, de l’acharnement à répéter un enchaînement, de la perfection à toujours rechercher.

Comment ne pas songer à Barbara ?       

Léonie

La sueur dans le maquillage, le maquillage sur le menton, les cheveux dans la bouche et la robe collée aux reins par la ferveur de la danse espagnole : une hystérique ! Voilà ce qu'on a fait de votre Tante Léonie unique et préférée, l'autre soir dans une brûlante taverne du Marais… Une hystérique en transe… chaste certes, mais tout de même ! Venue me réfugier là pour rejoindre les Amis et fuir Paris - Moscou  et ses tourbillons de neige, on tint à tout prix à faire de moi la starlette de fin-de-banquets qui se fait prier vingt fois avant de daigner empoigner ses castagnettes ; qui engloutit ses deux carafons de divin rouge pour perdre toute retenue et rejoindre sur l'estrade ses compagnons joueurs de darbouka et de basse de viole en un tourbillon endiablé hispano - barbaroque. Moi ! Léonie… si douce, douce, au cœur tendre et patte de velours… Connaissez-vous le Moulin de la Gay-lette ? Non, bien sûr puisque l'endroit se nomme en fait "Le Gai Moulin" (mais quand Léonie vagabonde…). Ce restaurant musical, très gai en effet, compte parmi ces lieux enchanteurs où l'on croise nettement plus de garçons que de filles, mais sans s'en rendre compte !

 Christophe, l'hôte - virtuose - y excelle en franche convivialité, repousse magiquement les murs de la salle, accueille encore et encore, suscite on ne sait d'où tables et chaises supplémentaires, emplit de nouvelles assiettes avec la voltigeante courtoisie de qui n'attendait, précisément, plus que vous…

Pour comble de bonheur, il lui arrive de suspendre un temps sa foulée empressée pour venir s'asseoir au piano. Et là, il chante, d'une voix tendre venue de l'enfance, une voix juste et appliquée à transmettre les mots comme des coupes pleines de larmes, il chante… Barbara. C'est au 4 de la rue Saint-Merri et c'est là que le printemps attend son heure, veillant d'un œil, au coin du feu…

 Un petit écho de Tante Léonie ? Allez ! Vous connaissez, bien sûr, la chanson Ma Mie de Jamblan et Herpin enregistrée en 1969 sur Europe n°1 par Barbara ? Elle y campe - "très réalisse" - une midinette qui coud tous ses chapeaux et rêve à son ami premier vendeur : "c'est à lui l'rayon des odeurs, des savonnettes et des blaireaux, il sent bon, il sent même trop" (vol.13 de la compilation Ma plus belle histoire d'amour dont Barbara dirigea la réalisation elle-même). écoutez donc maintenant la version commise par les mêmes auteurs, sur une même musique mais des paroles fort différentes, enregistrée en 1945 par Charles Trenet : En écoutant mon cœur chanter (coffret 2 CD chez Chansophone, collection grands interprètes). Là où la longue Dame Brune jubilait, légère, du bout du sourire, le Fou chantant, lui, plane en une langoureuse et amoureuse mélancolie… Loin l'une de l'autre, ces deux voix aimées au delà de toutes, se saluent et se rejoignent en nos cœurs. Deux interprétations inattendues, deux suaves gourmandises à alterner sans modération… Je vous embrasse et je signe …    Léonie.

NOUS ECRIRE

"Les Amis de Barbara"
Maison des Associations 
Boîte 28

15, passage Ramey
75018 Paris
lesamisdebarbara@free.fr

"LA LETTRE DES AMIS DE BARBARA un même et multiple pays".

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