|
LA LETTRE DES AMIS DE EXTRAITS |
Eté 2004, n°18
|
ÉDITORIAL
par Anne Guillot, présidente
Chers adhérents et amis,
Un simple mot - car je suis davantage femme d'action que femme de plume - pour vous saluer et vous dire que les nouveaux administrateurs que vous avez élus en février ont trouvé naturellement leur place dans le conseil et dans le bureau. Nous pouvons nous féliciter d'appartenir à une association véritablement démocratique où les passations de fonctions se font en douceur avec l'aide des plus anciens qui vigilent, servent de relais et permettent ainsi aux nouveaux de trouver leurs marques.
Françoise Ducaster, notre nouvelle vice-présidente, s'est chargée d'organiser une soirée pour la fête de la musique. Quant à moi, je m'emploie, avec d'autres à mettre sur pied un projet qui me tient à coeur : la création d'un groupe vocal Barbara. Il ne deviendra effectif que si quelques-uns d'entre vous décident de venir partager le bonheur d'apprendre à chanter ensemble et à plusieurs voix le répertoire de Barbara. Je compte sur vous.
J'ai également la joie de vous annoncer qu'un écrivain, journaliste, homme de radio féru de chanson que j'avais sollicité et que vous connaissez tous, Philippe Meyer, fait désormais partie de nos membres d'honneur.
(...)
Un atelier où chanta Barbara...
Rencontre avec le peinte Marcel Hastir à Bruxelles, dans son atelier
par Marie Aviles
Au 51 de la rue du Commerce à Bruxelles, vit et travaille depuis plus de 65 ans le peintre Marcel Hastir, aujourd'hui âgé de 97 ans. Depuis 1937, il organise dans son atelier des concerts qui font la part belle aux interprètes en début de carrière et aux grandes personnalités.
Des activités de toutes sortes ont toujours lieu dans son Atelier. Dernièrement BIRMANIE
Ce que cachent les pagodes
SOIREE de SOUTIEN aux femmes
et hommes réfugiés et prisonniers politiques en Birmanie
Sous l’égide d’Amnesty International.
Un Prix Marcel Hastir a été créé en 1998 ; 2 000 euros)
Ce prix est destiné à couronner tous les deux ans un compositeur belge ou étranger pour une œuvre d'une durée de 12 à 20 minutes et destinée au quatuor à cordes (2 violons, alto et violoncelle).
Aucune limite d'âge n'est imposée. Le prix est décerné à la suite
d'un concours.
L'œuvre primée est interprétée lors d'une séance publique de la Classe des Beaux-Arts.
L'exécution est financée par le patrimoine de l'Académie.
J’ai rencontré un docteur et il venait
régulièrement aux concerts, et près de chez lui il y avait une jeune femme qui venait de Pologne ou de Yougoslavie ?
... et qui venait de là-bas et elle cherchait un emploi. Il l’avait prise pour nettoyer parce que Sluys avait un laboratoire – c’était un docteur spécialisé
dans le cancer – et évidemment, il avait besoin de quelqu’un qui nettoyait les appareils et il avait pris comme domestique une jeune femme qui était très sympathique et qui venait
régulièrement. Elle habitait chez lui et en même temps mettait tout son matériel en ordre.
Donc, elle avait, si
vous voulez, un travail qui était un peu celui d’infirmière.
Et elle avait cette caractéristique, c’est ce qu’il
m’a raconté un jour, quand il venait ici aux concerts, il m’a dit : « Elle est extraordinaire parce qu’elle chante tout le temps ».
Et comme elle chante beaucoup et qu’elle a une jolie voix, j’ai dit que peut-être bien qu’on pourrait un jour organiser quelque chose pour elle ici.
- C’est vous qui avez décidé cela ?
Oui, oui. Alors,
il a dit : "On pourrait faire ça".
Pourquoi pas ? Un jour, je vais la rencontrer et écouter comment elle chante.
Je suis un jour allé là-bas, dans son appartement, dans son laboratoire... et elle chantait comme ça... On n’a rien dit, on a
écouté et on trouvait ça magnifique, elle avait une voix magnifique.
On a alors décidé de préparer un récital,
et il y avait un type à Paris qui s’appelait Ferrières. Ferrières était un spécialiste pour préparer des séances pour des chanteurs de ce genre, et il préparait des récitals.
On l’a fait venir à Bruxelles et il est resté un mois ici. Et pendant un mois, tous les jours, Barbara venait répéter avec
lui.
Et on a donc préparé un programme et on a réussit.
En même temps, elle est devenue amoureuse du fils du docteur.
- Claude ?
Et il a épousé la fille.
Et quand elle est venue ici après
ça, ils sont partis à Paris et lui a joué l’imprésario. Il essayait de faire quelque chose pour elle. Il n’a pas tellement bien réussi.
C’est un garçon très gentil d’ailleurs... Mais il ne convenait pas du tout à Barbara. Alors, ça s’est brouillé et évidemment, ils
se sont quittés. Elle est restée à Paris et elle a très vite, très rapidement réussi.
- Quels souvenirs vous reste-t-il d’elle ?
Oh ! C’était une belle grande fille brune. Elle était grande amie de ma femme. Pendant un
temps, elles étaient très liées et elles allaient souvent dans un petit bistrot boire un verre d’Orval (bière belge) parce qu’elle aimait bien ça.
Et comme ça, on bavardait de tas de choses.
Après avoir répété
ici, le soir, on faisait de temps en temps une petite randonnée.
Mais elle a très rapidement quitté tout ça et
continué là-bas.
Elle n’est plus revenue à Bruxelles, vous savez.
- Si, plus tard.
Oui.
Alors, elle est restée là-bas, elle a continué.
Et j’ai
toujours trouvé qu’elle avait beaucoup de talent... qui a augmenté.
A la fin, j’ai trouvé qu’elle avait en
somme, une voix qui... s’était cassée.
Après, elle n’a plus eu cette paix de voix facile.
Elle avait un talent particulier pour interpréter ses choses. C’était une fille extraordinairement intelligente.
|
|
- Est-elle restée en contact avec vous ?
Non, une
fois qu’elle est partie à Paris, elle n’est plus jamais revenue. Sauf un jour où elle a donné un Palais des Beaux-Arts, très grande séquence de Beaux-Arts !
Aux Palais des Beaux-Arts, on n’acceptait jamais des chanteurs de genre moderne de ce genre-là. A cette époque, ils étaient
extrêmement sévères.
Après, ils ont quand même accepté de faire une séance pour quelqu’un de connu et entre
autres pour Barbara. Et ils ont fait une grande séance pour Barbara.
Et quand elle est venue sur la scène, elle a
eu ce geste merveilleux. Elle a dit quelque chose d’extraordinaire :
Messieurs, mesdames, si je suis ici,
c’est grâce à Madame et Monsieur Hastir qui m’ont invitée à l’Atelier, c’est comme ça que j’ai réussi.
C’était très gentil de sa part.
- Oui, mais c’est vous qui lui avez donné sa première vraie chance ?
Ah oui.
- Elle a quand même chanté chez vous une vingtaine de chansons.
Oh oui, des tas de chansons.
Elle répétait "Mon pote le Gitan" avec Monsieur Ferrières.
Je l’ai toujours beaucoup
estimée, c’était une fille remarquable.
Je crois qu’elle était très particulière et que quand elle était seule,
elle était seule. Elle ne vivait pas beaucoup avec les gens...
Si vous voulez voir la salle, il faut prendre la clé...
J’ai eu le bonheur et l’honneur de visiter la salle, quasi telle quelle, le piano, toujours là... les
sièges, la "loge"...
Rencontre extrêmement émouvante. Lieu très particulier.
Merci Monsieur Hastir.
photo M. Aviles
LE PIANE DE DARZIE S'EST TU...
par Jeanne Sudour
Darzie, qui après un 1er Prix de Piano du Conservatoire de Paris, s'était dirigée vers les variétés, pour accompagner Barbara,
Jacques Brel, Maurice Fanon, Boby Lapointe, puis Patrick Sébastien, Darzie nous a quittés le 13 mars 2004.
(...)
Barbara écrit dans ses mémoires : "[elle] fut la première à m'accompagner sur une chanson de Georges Moustaki, De Shangaï à
Bangkok, c'est Darzie qui m'accompagne".
Un même amour du piano les unissait. Darzie, dès
l'âge de quatre ans, eut le bonheur de s'approcher du piano qui devait être son compagnon fidèle pendant soixante ans.
Née dans une famille de quatre enfants, elle étudia cet instrument dès son plus jeune âge, fit son entrée au conservatoire de Reims en
interprétant un trio de Ravel, puis - elle n'avait alors que onze ans pour sa première prestation publique -, entourée d'un orchestre, elle interpréta le concerto en la
mineur de Grieg et découvrit là le goût de la solidarité, du travail en équipe et tout à la fois, la solitude du pianiste. Ce fut ensuite le conservatoire de Paris et
l'enseignement de Maître Vlado Perlmuter.
(...)
Elle fut l'accompagnatrice de Luce Klein à Bobino, de Fernand Raynaud, avant d'être celle de Barbara au début des années soixante. Mais laissons plutôt la
parole au piano de Darzie pour nous livrer leur rencontre :
Darzie quitta le soleil africain pour Paris où
elle donna naissance à son premier fils Christophe dont Barbara accepta d'être la marraine.
(...)
Après des années de combat d'une rare vaillance contre un cancer des poumons, de la gorge, puis du foie, Darzie s'en est allée en ce mois de mars. Et ce sont les mélodies de Barbara, que Darzie avait enregistrées pendant les derniers mois de sa vie, qui se sont élevées lors de la cérémonie religieuse, laissant espérer à sa famille et ses amis, que La Dame brune l'accueillait au Paradis blanc.
FETE DE LA MUSIQUE AU PALAIS ROYAL
La plus belle histoire d'amour continue
par Françoise Ducastel
Dans le cadre des matinées scolaires organisées par le Théâtre du Palais Royal, Jacques PESSIS avait choisi de
rendre hommage à Barbara avec la complicité de Frédéric LONGBOIS, lundi 21 juin.
Changement de calendrier
aidant, cela permit de fêter une Xeme fois une étoile au firmament de la chanson dans le cadre de la Fête de la Musique.
Retracer le trajet de "la longue Dame Brune" par ordre chronologique et par quelques traits de son caractère, tout en sobriété : tel fut le plan de Jacques
PESSIS, ponctué par les interventions chantées de Frédéric LONGBOIS.
(...)
Quant à notre jeune public du Théâtre du Palais Royal dont la voix n'avait pas encore mué, issu de milieux défavorisés,
avec des handicaps divers, mais que les enseignants avaient préparé à cette rencontre, il connaissait sa vie, ses chansons. Lorsque Jacques PESSIS évoquait le rocking-chair qui
soulageait le dos de la chanteuse, certains se seraient fâchés de ne pouvoir donner la réponse à la place de l'homme au micro !
Et quelle belle chorale lorsque Frédéric LONGBOIS s'est mis à l'unisson pour accompagner les voix cristallines : un choeur d'anges pour la longue Dame Brune !
Fête
de la musique à l'Hôtel du Nord
Ce fut un soir en juin...
par Valentin Terrer
Loin de Nantes, il pleuvait sur le canal Saint-Martin. Une jolie dame arrivée un peu tard demanda : "C'est fini les chansons ?
C'était si joli tout à l'heure, l'accordéon..."
C'est que nous avions déjà beaucoup chanté ! Et la nuit
enveloppait de brume légères les ponts-passerelles du Canal. Nuit de fête avec notre envie de la dédier à Barbara, de mêler à son souvenir, tous nos souvenirs... Ceux qui n'avaient
pas trouvé mieux célébraient la "Fête de du Bruité : un méchant juke-box tonitruant sur un trottoir illuminé. Mais la foule des badauds préféra les orchestres postés çà et là et
les bistrots "d'atmosphère", comme le nôtre, celui de l'Hôtel du Nord où s'étaient réunis les Amis de Barbara et les amis de leurs amis.
C'était 22 heures... à peine. Sous la clarté douce des lustres rétro, James Harch, patron des lieux tenait lui-même le bar de ce
bistrot authentique et accueillait nos "gueules de nuit". (Sous un portrait d'Arletty, il nous promit même une soirée Barbara dans son établissement à la rentrée).
(...)
Nous suivions comme un vol d'oiseaux mouvant
Sophie NICOLLE et son accordéon.
Par coeur ou textes en mains comme au temps où l'on demandait "la chanson
du film", nous cueillions l'une après l'autres comme pour un bouquet, depuis les plus émouvantes et les plus périlleuses aux plus évidentes à reprendre en choeur, les chansons du
répertoire de Barbara.
(...)
Même pâle,
le jour se levait. Encore.
|
|
Philippe Meyer
nouveau membre d'honneur
"Heureux adhérents de l'association et autres sympathisants français et étrangers" réjouissez-vous, l'homme qui, pendant dix
ans, sur le transistor, a éclairé vos matins de sa drôlerie et de la pertinence de son regard sur le monde, fait désormais partie des membres d'honneurs de l'association "Les Amis
de Barbara".
(...)
Actuellement, vous pouvez
le retrouver sur France-Inter, tous les samedis entre 10h 10 et 11h dans son émission : La prochaine fois, je vous le chanterai.
Son amour de la chanson, son
érudition en ce domaine, son impertinence et son humour sont les bienvenus chez
nous.
Roger Vène
Histoire d'un portrait, Barbara
C'est pour vous que j'ai fait ce portrait
pour votre regard.
Adolescent,
Barbara a été un coin de ciel
dans la prison de mon enfance .
Et ceci n'est presque pas
une métaphore.
Ni radio ni disque : privé, pas le droit.
A douze ans, les "grands" du lycée à la récré
ceux qui écoutaient Barbara,
des terminales .
Douze ans ,
leur porte m'était fermée .
Ils écoutaient Barbara
et son piano venait à moi
son piano et sa voix ,
assis derrière la cloison
elle chantait pour moi.
Elle a continué,
toujours.
Dès que je l'ai pu, j'ai acheté ses disques
tous ,
vinyle bien sûr
et plus tard
bien plus tard
l'intégrale
en CD.
Le " Piano noir" quand il est sorti :
cette découverte,
ému
du texte écrit sans musique
et qui chante encore, si bien .
Je n'ai pas connu Barbara
je ne l'aurais pas souhaité
c'est ainsi .
D'elle, j'en suis sûr
j'ai eu le meilleur,
ce qui m'importait :
cet art des images
des images qui nous parlent tant
qui nous parlent de nous
et la musique
ces alcools pour rêver des alcools forts.
Mais je l'ai vue sur scène
quelques fois
juste peut-être cinq ou six fois .
Je l'ai vue chanter
je l'ai entendue , vue
chanter,
scène presque nue
habitée
et nous
et moi
révélés,
fascinés :
ses textes, sa
musique
sa voix
sa voix
et les gestes
le plus souvent lents
des parenthèses dans l'espace
et comme suspendues .
Et puis la dernière
la dernière fois
longtemps avant qu'elle n'arrête
de loin
après,
après le spectacle
je l'ai attendue,
Attendue
de loin
pour la regarder
longue et légère
marcher
jusqu'à l'auto.
Elle est montée derrière et
la Citroën est partie
et je ne suis pas revenu .
Sculpteur,
longtemps j'ai porté ce portrait,
ce portrait que vous connaissez :
elle,
longue courbe brune
la joue offerte
offerte à la
pluie
et la lèvre tendue à la vie.
Et son oeil grave
un regard
de tendresse et d'ironie
un regard posé
avec réserve
posé
et qui passe,
jamais superficiel.
Un oeil
empli de désir et d'appétit,
un regard de femme
son regard de femme,
de femme qui a compris
la vie
sa vie .
Qui a compris et
sait le dire .
J'ai porté ce portrait des années
ce portrait que vous connaissez ,
mon tout premier portrait.
Des esquisses
et des échecs aussi,
beaucoup de travail
et de
réflexion
et l'étude des pères :
Carpeaux et Houdon en particulier .
Il faut me croire
si je vous dis
que je ne pensais pas
pouvoir échouer dans ce projet
et vivre encore .
Quelle folie ! et pourtant...
c'est ainsi
et ce n'était pas de l'orgueil.
Quand, plus tard
ce portait a pu être coulé en bronze
j'ai utilisé la polychromie :
elle souligne les volumes
et enrichit le dessin .
Voilà,
c'est l'histoire d'un travail
un travail que je vous porte.
C'est pour vous,
pour votre regard
que je sculpte
C'est pour vous
Que j' ai fait ce portrait.
Pour vous parler d'elle
et de moi, bien sûr .
Hélène BOULMANT-PIERRE
Témoignage
Du plus loin que me revienne le souvenir de la longue dame brune, je revois une salle de lycée austère et froide. Georges
de La Tour à Metz, Moselle.
C’est un jour d’exposé pas conventionnel. Je m’installe au bureau de la prof, avec
le petit bouquin noir et blanc, format carré, signé Jacques Tournier, éditions Seghers n°176, neuf francs, vingt centimes, LE TRESOR !
J‘ai le tourne-disque couvert de sky (que ciel !), le pick’up de ces années-là et… LE 45 tours ! Et puis ma voix !
Les mots de Barbara n’ont cessé depuis de cheminer à mes côtés et de ponctuer d’une manière parfois incroyable mais très
vraie, les épisodes de ma vie. C’est drôle mais c’est aujourd’hui seulement que je m’en aperçois…
Je savais fort
bien que j’allais moi aussi troquer mes chaussettes blanches contre des bas noirs, même si toujours, toujours, l’enfance promettait de s’éterniser dans mon petit bois de mille
amants…
Ce qu’en revanche j’ignorais, (...)
C’était l’époque des gauloises bleues si tellement pas chères, des cafés à 90 centimes, interdits par des mères qui voyaient rouge dès que nous osions exprimer un brin de talent,
de conscience politique et d’idéal…
Rouge, bleu, je me demande s’il n’y avait pas également
un peu de blanche aura ou de blanche magie dans nos ballets dits de "lumière noire" où nos mains gantées s’envolaient comme des mouettes sur des écrans… bleus.
Trois couleurs pas vilaines pour ces graines d’anar que nous étions tous plus ou moins, antimilitaristes, bercés de guitare(sèche)
et de voix éloquentes, Brassens, Ferré, Moustaki… Barbara…
(...)
C’était pas Le Pen de nous faire un dessin, pas vrai Cabu, on était vaccinés, avertis.
On n’avait pas grandi entourés de télés, de portables, de Star Académy, et de Mac’dodos.
Le bleu des gauloises, le blanc du papier utile et le rouge de nos baisers du temps des cerises, on s’en souviendrait pour l’éternité. Hé, hé !
(...)
Et puis, il y a une
poignée de semaines, j’ai croisé une sœur Anne de la Belle Epoque. Que voyait-elle venir ?
Réponse de la dame :
un cercle de poètes jamais disparus. Les Amis de Barbara. Ah ! Tiens, tiens, en voilà une idée pas sotte !
Alors voilà. Je vous téléphone pas près du métro Rome, mais c’est tout comme ! Côté météo, pour ne rien vous cacher, il pleut !
ACTUALITÉS
Réhabilitation du Théâtre des Trois Baudets
Créé par
Jacques Canetti, au pied de la Butte Montmartre en 1947, le Théâtre des Trois Baudets, qui fut un des hauts lieux de la chanson française et avait fermé ses portes en 1967, va être
réhabilité pour devenir un nouveau théâtre de la chanson française.
(...) Le chantier commencera en 2006.
A lire dans le N°47 de Chorus, printemps 2004, un beau portrait de Sophie Térol par Christian Deville-Cavelin. Rappelons que Sophie Térol est la lauréate du Prix Chapeau bas 2003.
(...)
Une de nos adhérentes japonaises, Mariko a réalisé son rêve: mettre en ligne un site Barbara. http://www.geocities.jp/planetebarbara/
NE REVIENS PLUS SI TARD
par Benjamin Husson
V ous me regardiez sans me voir. Me semblait-il. C'était à la gare de Lyon. Marie-Paule et moi étions occupés,
entre fous rires et mélancolie, à construire des petits nids de plumes noires. Jeux secrets et futilement importants d'enfants mal grandis, d'adultes pas respectables. Je
vous regardais sans vous écouter.
C'était vraiment un beau jour, à la gare de Lyon.
C'était septembre, un bien joli temps. Depuis, le temps a passé, je vous ai recroisé quelquefois. Sans que je vous écoute, encore. Sans que vous me voyiez, me semblait-il
toujours. Quelle drôle de plume noire virevoltait entre nous pour que nous échappions l'un à l'autre ainsi ?
Puis, un jour faussement quotidien, j'ai reçu votre lettre inattendue : "Le fond de l'air est doux, j'ai mon écharpe et
mon sourire de soie... Je serai à votre heure, dites-moi comment, faites-moi savoir où." Je savais que vous seriez vêtu d'un piano noir, un accordéon
à la boutonnière. Je savais même quels mots vous oseriez dire en premier, ces mots qui faisaient intimement partie de mon histoire, comme ils avaient nourri votre
vie et celles de tant d'autres. N'alliez-vous pas ainsi vous consumer au feu de ces mots-là, au brasier ardent de mes souvenirs exigeants et si présents ?
Vous risquiez tant de mal exister, votre voix portée par ces mots précieux qui n'étaient pas tout à
fait les vôtres, si précieux que tant d'autres les avaient dits avant vous, souvent malheureusement. Alliez-vous me resservir la même rengaine, m'offrir la même
dépouille fardée en charmant nouveau-né ?
« … Je serai à votre heure… »
Je vous ai attendu fébrilement, sans que vous n'en sachiez rien. Vous vous êtes assis en face
de moi, sans bagages, vous avez souri. Vous ressembliez à l'automne, mais, oui, vous avez souri comme soleil. Vous n'aviez rien d'une icône, et ce regard dont on ne pouvait dire
s'il était perdu ou éperdu illuminait votre visage.
Un vent léger a décroché la
petite plume noire qui s'était collée à ma veste. Peu importe s'il se mit alors véritablement à neiger des plumes d'oiseaux de lune. Je vis réellement ce désert blanc,
ce continent… réinventé.
Quels moments m'avez-vous fait passer là… Je vous
ai connu, je vous ai reconnu.
Tu sais le temps qu'il m'a fallu pour te dire :
"Bonjour, parle-moi de la dame brune."
Je ne regrette pas cette attente. Elle était à la hauteur des espoirs
auxquels je ne voulais peut-être pas croire.
Ne reviens plus si tard, je t'attendrai plus tôt.
Mais tu chantes, excuse-moi. Je vais laisser libre cours à tes propres mots. Sois bien,
Je signe Benjamin, tu sais bien qui je suis.
Au cimetière de Bagneux, sur la tombe de Barbara, le 9 Juin 2004, jour anniversaire de sa naissance.
En votre nom à tous.
Un cœur de roses rouges a été déposé par
l’association.
(...)
Enfin paru aux éditions Mango, un album annoncé
que nous attendions. Barbara elle-même nous avait appris la valeur de l’attente et le bonheur de se retrouver, il n’y a pas à regretter cette attente-là ; l’album simplement
intitulé Barbara Paroles et préfacé par Bernard Serf propose, dans la fameuse collection Dada, un florilège de textes de chansons, des documents inédits dans
une maquette raffinée aux couleurs emblématiques et d’une élégance digne de Barbara.
Un petit bijou !
Voir aussi ACTUALITES
NOUS ECRIRE
"Les Amis de Barbara"
Maison des Associations
Boîte 28
15, passage Ramey
75018
Paris
lesamisdebarbara@free.fr
"LA LETTRE DES AMIS DE BARBARA un même et multiple pays".
Espace libre ouvert aux adhérents de l'association. Chaque article n'engage que la responsabilité de son auteur. Nos encouragements chaleureux pour vos envois de photos, dessins,... N'oubliez pas de nous préciser si vous acceptez de les voir paraître dans le bulletin et/ou sur internet - en totalité ou partiellement - signés ou parafés, et si vous souhaitez que l'on vous retourne l'ensemble des documents confiés.