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LA LETTRE DES AMIS DE

EXTRAITS

Eté 2000, n°2


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

ÉDITORIAL
Vente des souvenirs de BARBARA : de la crainte à l'espoir
par Bernard Merle

Voilà, c'est fait, le second temps fort de cette année, celui qu'o la fois tous nous attendions et redoutions est (enfin) passé.

La vente des souvenirs de scène de Barbara le 2 juin dernier à Cheverny a rendu son verdict : une réussite, selon son commissaire-priseur Maître ROUILLAC qui en a réalisé un produit de 1,5 millions de francs.

Une énigme non résolue pour le public de Barbara qui ne comprend toujours pas par qui furent commanditées ces ventes ni à qui en sont allés les bénéfices.../...

Sentiment d'amerture, donc, tempéré cependant par la satisfaction d'avoir vu l'Etat préempter pour une somme de 500 000 F certains des lots les plus représentatifs, parmi lesquels : le piano Baldwin (140 000 F), la malle "flight case" qui suivait partout Barbara en tournée (150 000 F) et le livret de Nantes adjugé 100 000 F.

Vos signatures sur nos pétitions adressées en avril dernier à Madame la Ministre de la Culture auront donc porté leurs fruits.
.../...

Cheverny, 2 juin 2000
par Jean-Claude Clot, Dany Morisse, Jeanne Sudour

On peut placer dans un très bel écrin une chose très laide, cela n’en change pas la nature.

Au château Moulinsart, une Castafiore comique pleurait ses bijoux volés sous l’œil d’un Tintin bienveillant, cela ne prêtait qu’à sourire. Il ne s’agissait, après tout, que d’une chanteuse de bande dessinée.

Celle qu’on bafouait en ce 2 juin, à Cheverny, était une femme exemplaire, une artiste accomplie qui avait poussé l’exigence jusqu’à donner toute sa vie et ses dernières forces à son art, à son public, par passion, par Amour.

Tous ceux qui déambulaient dans "l’exposition" s’en souvenaient.

Ceux qui, timidement touchaient - à tort ou à raison - ses vêtements suspendus, son piano, son rocking, en quête d’un contact dérisoire.

Ceux qui, une nouvelle fois, ne supportaient pas le "fond sonore", Barbara elle-même, conviée à chanter sur cet étalage indécent.

Ceux qui, murés en eux-mêmes, traversaient, incrédules et pris de nausées, ce déballage sacrilège  - conscients que l’âme de celle qu’ils aimaient avait forcément fui loin de tout cela  - peut-être portée par cette douce biche qui passa le soir même, vive et furtive, devant le château, sans un regard pour la tente où se déroulaient les enchères-.

Comment s’étonner que tous aient été profondément choqués, scandalisés par cette vente elle-même, par ces costumes de scène encore chargés d’une présence inoubliable, épinglés comme des mouches de collection, sur des panneaux de polystyrène ?

Ils regardaient tristement sa "roulotte", malle de scène qui suivait Barbara partout lorsqu’elle partait sur les routes à la rencontre de son public, un de ses pianos sur lequel une rose rouge était posée, les vitrines où étaient présentés ses gants, ses chaussures, et s’approchaient d’une longue table où il était possible de consulter les partitions de ses chansons.

"Les Amis de Barbara" étaient présents à Cheverny pour manifester, avec dignité, leur désaccord et leur refus de toute compromission avec les commanditaires et les intermédiaires de cette action marchande  -action que seule une volonté d’aider une association caritative élue par Barbara, aurait pu justifier comme une prolongation de ses combats -.

Une première lettre avait été envoyée au Ministère de la Culture en janvier ; elle fut suivie de la pétition que nous avons fait circuler et signer par des centaines de sympathisants, d’adhérents et de personnalités.

Cette démarche, parmi d’autres, a porté ses fruits : le Ministère de la Culture, la Bibliothèque Nationale de France ayant exercé largement leur droit de préemption pour acquérir le piano Baldwin, sa "roulotte", un costume de scène et des partitions essentielles.

Nous sommes profondément reconnaissants à l’Etat d’avoir reconnu à Barbara - face aux disperseurs de mémoire - la place que, légitimement, elle mérite.

QUELQUES-UNS PARMI LES NOMBREUX TÉMOIGNAGES

laissés sur le livre d’or mis a la disposition des visiteurs, lors de l’exposition "HOMMAGE A BARBARA, HUILES SUR BOIS DE DANY MORISSE", présentée en avril-mai dernier à la mairie de Cormeilles (Eure).

"Beaucoup de sensibilité, un fluide est passé, mon premier rendez-vous avec Barbara. On s’évade, tout en souhaitant en connaître un peu plus. Bref, une très belle expression qui ne laisse pas indifférent" (L.)

"Abolis bibelots d’inanité sonore… comme disait le poète pour montrer la vanité de toute chose. Mais avec Babara il nous reste la nostalgie" (G.B.)

" Nous avons découvert Barbara à Abidjan dans un cabaret baptisé "le Refuge".
C’était, nous pensons, en 1957. Bien sûr, la déco était en bois et la salle très petite avec une scène tout juste suffisante pour le piano.
Mais c’était déjà Barbara, mince, en robe noire.
Nous avions à peine plus de 25 ans et c’est resté un souvenir très précis" (Y. et R.C.)

" Près des pivoines endormies : chanson pour une absente
Qui sera toujours parmi nous
Une main invisible
Guide le pinceau de l’artiste
Et dans ses couleurs
Ta voix chante encore" (J.Y.S.)

"Toujours émerveillée par Barbara que j’ai eu la joie de découvrir au Caveau de la République en 1956. Je suis heureuse de l’évoquer à Cormeilles avec des personnes qui l’ont aimée" (R.B.)

 Et enfin le témoignage de Jérôme GARCIN :

"Barbara avait horreur de la photographie : elle voulait qu’on la prenne "vivante". C’est ce que vous avez réussi. Vos tableaux chantent ! Merci et bravo".

NOS MEMBRES D’HONNEUR : PORTRAIT
par Bernard MERLE
MARC CHEVALIER :  les zigzags D’UN ARLEQUIN

Je ne t’attends pas au bout d’une ligne droite chantait Moustaki à Barbara (et réciproquement).

Marc CHEVALIER, lui non plus, ne nous est pas parvenu en ligne droite depuis cette légendaire "Ecluse" où, dès 1954, il auditionnait (et recalait) une débutante nommée, justement, Barbara… Il y en eut, des tours et des détours par des domaines apparemment variés, mais au dénominateur pourtant commun : l’art, sous toutes ses formes.

Avant l’Ecluse, ce furent les années théâtre : la Compagnie GRENIER-HUSSENOT, aux côtés d’Yves ROBERT et des FRERES JACQUES, puis la troupe du T.N.P. de Jean VILAR, avec Daniel SORANO et Maria CASARES.

En février 1951, c’est l’ouverture du cabaret l’Ecluse, quai des Grands Augustins à Paris, qu’il co-dirigera pendant près d’un quart de siècle avec Léo NOEL, Brigitte SABOURAUD et André SCHLESSER, lequel formera avec lui le duo chantant MARC & ANDRE...

MARC & ANDRE – Chansons de l’Ecluse
EPM 1998 – coffret double CD

Chansons de Théâtre – 1 CD – ADES 1991 (dont "La complainte de Punch" extraite de "La Famille Arlequin" de Claude Santelli…)

NOTRE RENCONTRE DU 17 JUIN
par Bernard Merle

Adhérents et sympathisants des "Amis de Barbara", c’est près de 80 personnes au total qui se sont retrouvées ce samedi 17 juin autour du piano blanc du restaurant Chez Papa, 3, rue Saint Benoît pour une rencontre amicale et volontairement informelle.

Il s’agissait de la première manifestation organisée par notre association depuis sa création en janvier dernier.
Ponctuée de chansons de Barbara, interprétées par Cathy BEAUMONT-VENISSE, Claude LIBERMAN, RAY DE DISE, Bernard JAUFFRET, Anne PEKOSLAWSKA et les élèves de son atelier de chant, ainsi que, en japonais, par la chanteuse Sachiyo KAWADE, ce rendez-vous n’avait d’autre but que celui de mettre des noms sur des visages et de prendre globalement la mesure de nos attentes réciproques au terme d’un premier semestre particulièrement chargé.

Passés les premiers moments de réserve ou de timidité de part et d’autre (échos de ceux évoqués par Barbara : "à nous regarder sourire, à nous aimer sans rien dire" ? …), les conversations se sont tout naturellement engagées avec les divers membres de notre conseil d’administration et les personnalités présentes, parmi lesquelles les sculpteurs Elsa GENESE, Roger VENE et Valentin SAVTCHEKO, le galeriste Jean-Paul MARTIN représentant le peintre PECNARD, et la danseuse Catherine LE COSSEC, auteur de "Barbara, la douleur de l’absence".
Jean-Daniel BELFOND, dont le livre "Barbara l’ensorceleuse" paraîtra en septembre aux éditions Christian Pirot, voulut bien nous en dire quelques mots en avant-première, et annoncer également la parution prochaine aux éditions de l’Archipel qu’il dirige, de l’intégrale des textes de Barbara.

Par ailleurs, plusieurs personnalités, d’abord annoncées, ne purent être des nôtres : Annie et Bernard REVAL, Sophie DELASSEIN, Sophie MAKHNO, Roland ROMANELLI, tous empêchés pour raisons personnelles ou professionnelles, et Marc CHEVALIER malheureusement retenu pour raison de santé au moment même où il s’apprêtait à nous rejoindre.

"Je sais à quel point il est difficile de démarrer une entreprise et je suis d’autant plus désolé de n’avoir pu être parmi vous samedi", nous confiait-il avec regret le lendemain au téléphone.

Et nous aurons sans doute d’autres occasions de faire plus ample connaissance avec Luc SIMON, Marie CHAIX ou Jean-dominique BRIERRE eux aussi annoncés.

Nous reviendrons plus avant sur cette soirée dans notre prochain numéro, avec notamment vos témoignages et réactions, essentiel contrepoint à une véritable photographie de ce premier souvenir commun.

Merci donc à vous tous qui avez pu venir et participer. Et merci aussi à Monsieur et Madame DASSAUD pour ce si sympathique accueil dans leur établissement chargé de souvenirs, ancien restaurant slave reconverti en "Bistingo" dans les années soixante par l’animateur d’Europe 1 Hubert WAYAFFE, et aujourd’hui détenteur d’un petit morceau de notre début d’histoire commune.

Elles ou ils ont écrit une chanson inspirée par Barbara.
Les avez-vous entendus ?

? Frédéric LONGBOIS : La Dame
? Marie-Paule BELLE : Une autre lumière
? Simone SOW : Cantate à Barbara (interprétée par Jacques LECUYER)
? Didier BARBELIVIEN : A Barbara
? Bernard JAUFFRET : Secret caché (d'après Les mémoires interrompus de Barbara : "Il était un piano noir" - Fayard
puis Livre de Poche)
? Castafiore BAZOOKA : Parfum de Dame en Noir

Vu sur ARTE, reportage diffusé le 6/6/2000 :
Barbara HÖLDER chante en allemand Göttingen, entourée par une petite formation musicale qui tâche de réinterpréter les accompagnements de Barbara.
Elle déclare ne pas avoir le courage de donner son spectacle en français par peur de son accent.

De la "Dame Blanche" Cora VAUCAIRE à la volcanique chanteuse vénézuélienne Soledad BRAVO, de la "très généreuse" (dixit Barbara) et très parisienne REGINE à Guillermina MOTTA, la Catalane, de Jean-Claude PASCAL à William SCHELLER, de la Suède au Japon, les chansons de Barbara se posent, s’envolent et voyagent…
Pour en découvrir les interprètes, nous ne saurions trop vous conseiller la lecture des très documentés articles rédigés entre autres par Valérie LEHOUX et Miguel PUJADO pour le Dossier Spécial Barbara, publié au printemps 1998 par l’indispensable revue CHORUS (Chorus, les cahiers de la chanson (N°23), BP 28, 28270 BREZOLLES).

Barbara chante Septembre dans le film Sur le sable (avec Charlotte Rampling) que tourne actuellement François OZON (Merci à Sophie MAKHNO !)

"Je signe…Léonie"

NOUVELLES EN BREF

Comme annoncé précédemment, le 9 juin dernier une imposante corbeille de 50 roses rouges confectionnée par le fleuriste Michel GALTIER du "Pavillon de Flore" à Paris, était déposée sur la tombe de Barbara, au nom des "Amis de Barbara".

Comme Les Flamandes de son ami Jacques BREL qu’elle chantait si bien, Barbara aurait eu "septante ans" cette année. Que ceux d’entre vous qui ont plus particulièrement participé à ce geste soient ici remerciés !

Le 11 juin, Jacques ROUSSEL sur Fréquence Paris Plurielle (106.3) consacrait son émission à Barbara. Présents ce jour-là : RAY DE DISE qui, travaillant au service médical de la prison de Fresnes organisa pour les détenues une rencontre-récital avec Barbara, et notre association, représentée par Bernard MERLE, Valentin TERRER et Christian FREYBURGER. L’actualité complexe et douloureuse des ventes aux enchères y fut débattue, mais des souvenirs furent aussi rappelés, et des projets évoqués.

 Après les ventes de juin à Cheverny, Jean-Claude BRIALY, en conclusion du Journal de 13h sur France 2 déclarait sa révolte devant la dispersion aux enchères de la vie de Barbara.
Il remercia cependant pour leurs interventions sur les ventes : le Ministère de la Culture, la Bibliothèque Nationale de France, et, génériquement tous les "Amis de Barbara".
Notre association n’a bien entendu pas commis l’erreur de prendre à son seul compte ces chaleureux remerciements.
Mais… tout de même, c’est agréable à entendre !

Ils se sont faits l’écho de nos pétitions adressées au Ministère de la Culture et de l’action des "Amis de Barbara". Qu’ils en soient remerciés.

VENDÔME Libération du 31 /1/2000, Internet, avec les déclarations outrées d’Annie et Bernard REVAL ; Le Parisien du 31/1/2000 ; La Maine Libre du 1/2/2000 ; Le Figaro du 31/1/2000.

CHEVERNY Le Parisien du 3/6/2000 ; Libération du 5/6/2000 ; Le Figaro du 5/6/2000 ; La Nouvelle République du Centre Ouest du 3/6/2000 ; L’Humanité du 5/6/2000.

Ils ont rendu compte de l’Exposition des tableaux de Dany MORISSE à la Mairie de Cormeilles du 26 avril au 8 mai :

L’Eveil de Pont Audemer du 27/4 et 4/5/2000 ; Le Pays d’Auge du 5/5/2000

Merci au journal de l’Association des Artistes Aveugles Le Trompe l’Oeil d’avoir incité ses nombreux lecteurs à nous rejoindre (Association des Artistes Aveugles : 99, rue du Faubourg St Martin, 75010 Paris- Téléphone : 01 42 39 22 70).

Après un silence aux "raison amour, raison chagrin", Valentin redonnera son spectacle "D’un Barbare à L’Autre" les 15, 16 et 17 novembre prochains au PIBAR, 18 rue Favart, Paris 2°, dans le cadre des salons musicaux qu’Andréa GOUST propose régulièrement dans ce lieu original et beau.

PETITES ANNONCES

Recherchons

* Le film Je suis né à Venise (Barbara-Maurice Béjart)

* Un film de Serge KORBER à la fin duquel Barbara chanterait ?

* Le film de Frédéric ROSSIF Aussi loin que l’Amour

* Un document de 1973 "Top à Barbara", où elle refusait en direct d’être interrompue par une coupure pub, avant de chanter L’Aigle Noir.

* Auteur écrivant un ouvrage sur Barbara recherche :

Tous documents rares pour consultation et reproduction (pochettes de disques, programmes de concerts, affiches, couvertures de magazines, illustrations et objets divers…)
Copie de l’émission de François Reichenbach tourné en 1978
Photos inédites (mêmes amatrices) et désirerait collaborer avec un même photographe tout au long du livre, rencontrer fans de Barbara qui ont vécu des relations avec elle,
Eclaircissements sur "L’affaire Rouillac" (photos des différents objets mis en vente et renseignements sur la vente du 2 juin).

Alain WODRASCKA, tél/fax : 01 39 31 25 53

NOUS ECRIRE

 "Les Amis de Barbara"
Maison des Association
Boîte 28

15, passage Ramey
75018 Paris
lesamisdebarbara@free.fr

"LA LETTRE DES AMIS DE BARBARA un même et multiple pays".

Espace libre ouvert aux adhérents de l'association. Chaque article n'engage que la responsabilité de son auteur. Nos encouragements chaleureux pour vos envois de photos, dessins,... N'oubliez pas de nous préciser si vous acceptez de les voir paraître dans le bulletin et/ou sur internet - en totalité ou partiellement - signés ou parafés, et si vous souhaitez que l'on vous retourne l'ensemble des documents confiés.